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Un jour, je serai

« Je veux simplement une carri¨¨re qui me permette d¡¯¨ºtre ind¨¦pendante. Pour le dire simplement?: je veux ¨ºtre responsable de ma propre vie et ne laisser personne d¡¯autre d¨¦cider ¨¤ ma place. »

- Sarita, ±·¨¦±è²¹±ô

« Alors que le monde est confront¨¦ ¨¤ des niveaux d¡¯in¨¦galit¨¦ insoutenables, nous avons plus que jamais besoin de l¡¯¨¦ducation, grand facteur d¡¯¨¦galit¨¦. »

¨C Ant¨®nio Guterres, Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral de l¡¯Organisation des Nations Unies (ONU)

« Ces enfants sont comme tous les enfants du monde?: ils r¨ºvent de devenir enseignants, m¨¦decins, avocats, ing¨¦nieurs... La diff¨¦rence est que la plupart d¡¯entre eux sont d¨¦plac¨¦s de force et luttent ne serait-ce que pour rester en s¨¦curit¨¦ et pour survivre. Avec les bons outils et le bon type de soutien, nous pouvons les aider ¨¤ r¨¦aliser leurs r¨ºves. »

¨C Amina J. Mohamed,
Vice-Secr¨¦taire g¨¦n¨¦rale de l¡¯ONU

« Ces photographies mettent en ¨¦vidence le r?le crucial que joue l¡¯¨¦ducation des enfants dans les crises humanitaires. Elles montrent que, m¨ºme dans les situations les plus d¨¦sesp¨¦r¨¦es du monde, les enfants ont l¡¯espoir, la force et la d¨¦termination n¨¦cessaires pour apporter des changements. Il est de notre devoir de les prot¨¦ger et de les soutenir. Pour ce faire, il importe aujourd¡¯hui plus que jamais de mettre l¡¯accent sur la solidarit¨¦ mondiale. »

¨C Mark Lowcock, Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral adjoint
aux affaires humanitaires de l¡¯ONU et Coordonnateur des secours d¡¯urgence

Une personne sur 18 est actuellement touch¨¦e par une crise humanitaire. Ces crises peuvent ¨ºtre dues ¨¤ des conflits, ¨¤ des catastrophes naturelles ou, comme c¡¯est le cas actuellement, ¨¤ une pand¨¦mie mondiale. Dans le monde, plus de 258 ?millions de personnes ont besoin d¡¯une aide humanitaire pour survivre.

Cette exposition met en lumi¨¨re les espoirs et les r¨ºves des enfants touch¨¦s par des crises. Tous ?g¨¦s de 6 ¨¤ 18 ans, les jeunes pr¨¦sent¨¦s ici se sont d¨¦guis¨¦s pour nous montrer qui ils veulent devenir en grandissant et ont, pour ce faire, d¨¦nich¨¦ des costumes et des accessoires dans leur environnement proche. En capturant la vision de l¡¯avenir de chaque enfant, le photographe Vincent Tremeau nous donne un aper?u unique de leur situation et de leurs d¨¦fis actuels.

En savoir plus

R¨¦publique d¨¦mocratique du Congo

La crise en R¨¦publique d¨¦mocratique du Congo est l¡¯une des situations d¡¯urgence humanitaire les plus consid¨¦rables et les plus complexes du monde. Les besoins humanitaires d¨¦pendent largement des conflits arm¨¦s, de la pauvret¨¦ et des catastrophes naturelles, y compris les inondations. Il existe plus de 100 factions arm¨¦es et milices diff¨¦rentes dans le pays.

D¡¯apr¨¨s les estimations, 25,6 ?millions de Congolais ont besoin d¡¯une aide humanitaire et d¡¯une protection en 2020. Ils sont confront¨¦s ¨¤ des violations persistantes des droits humains, ¨¤ des d¨¦placements, ¨¤ une grave ins¨¦curit¨¦ alimentaire, ¨¤ une malnutrition chronique et ¨¤ des ¨¦pid¨¦mies de maladies, telles que le chol¨¦ra, la rougeole et la maladie ¨¤ virus Ebola. Les niveaux de violences sexuelles li¨¦es au conflit sont alarmants.

Lorsque des personnes fuient la violence en qu¨ºte de s¨¦curit¨¦, elles se retrouvent souvent dans des endroits isol¨¦s, perdant ainsi l¡¯acc¨¨s ¨¤ des biens et services essentiels tels que les soins de sant¨¦, l¡¯eau potable et l¡¯assainissement, et l¡¯¨¦ducation.

Camp pour personnes d¨¦plac¨¦es dans le Nord-Kivu (R¨¦publique d¨¦mocratique du Congo). Les d¨¦placements et la violence ont empoisonn¨¦ la vie de centaines de milliers de personnes dans cette r¨¦gion. Certaines familles ont ¨¦t¨¦ d¨¦plac¨¦es plus de dix fois au cours de la derni¨¨re d¨¦cennie seulement. [Cr¨¦dit photo?: OCHA/Giles Clarke]

Fran?oise, 15 ans, R¨¦publique d¨¦mocratique du Congo, infirmi¨¨re


« J¡¯ai 15 ans et j¡¯ai un enfant qui s¡¯appelle Chance. Il a 1 ?an. Quand je vais ¨¤ l¡¯¨¦cole, je n¡¯ai honte de rien. Mais d¡¯autres ne comprennent pas pourquoi je poursuis mes ¨¦tudes alors que j¡¯ai d¨¦j¨¤ un enfant. Je leur dis que si j¡¯¨¦tudie, c¡¯est pr¨¦cis¨¦ment parce que je veux aider mon enfant. »

Chandi, R¨¦publique d¨¦mocratique du Congo, tisseuse de paniers


« J¡¯aimerais apprendre ¨¤ faire des paniers car cela m¡¯aidera, ainsi que mes futurs enfants et mes petits fr¨¨res et petites s?urs. Il se pourrait que je me marie avec quelqu¡¯un d¡¯irresponsable, de sale ou m¨ºme d¡¯alcoolique. Si tel est le cas, je vendrai mes paniers pour payer les frais de scolarit¨¦ de mes enfants et leur acheter ¨¤ manger. »

Patrick, 12 ans, R¨¦publique d¨¦mocratique du Congo, soldat


« Je veux ¨ºtre soldat car je souhaite me battre pour la population. Ma communaut¨¦ a d¨¦j¨¤ fui ¨¤ plusieurs reprises. Moi-m¨ºme, j¡¯ai d¨¦j¨¤ fui mon village 12 fois. Chaque fois que nous fuyons, nous ne sommes pas vraiment heureux, parce que nous devons aller dormir dans la brousse, dans des endroits que nous ne connaissons pas vraiment et o¨´ nous ne sommes pas en s¨¦curit¨¦. Je n¡¯aime pas vraiment la guerre. En temps de guerre, on entend tout le temps des coups de feu, ?a me fait mal aux oreilles et je n¡¯aime pas ?a. »

Diem, 11 ans, R¨¦publique d¨¦mocratique du Congo, ma?on


« Un jour, je serai un bon ma?on, comme mon p¨¨re. Il a d¨¦j¨¤ commenc¨¦ ¨¤ m¡¯enseigner cet art. Quand des hommes arm¨¦s sont venus dans mon village, ils ont emmen¨¦ ma m¨¨re et l¡¯ont tu¨¦e. Nous avons fui avec mon p¨¨re. Maintenant, je recommence ¨¤ aller ¨¤ l¡¯¨¦cole. Je voudrais ¨ºtre ma?on pour construire des maisons en briques. Pour l¡¯instant, notre maison est faite de boue, mais nous allons bient?t commencer ¨¤ l¡¯am¨¦liorer. Une maison en briques nous permettra de bien dormir la nuit. ? cause du rev¨ºtement en paille actuel, l¡¯eau s¡¯infiltre chez nous, ce qui est constamment source de d¨¦rangement. »

Agn¨¨s, R¨¦publique d¨¦mocratique du Congo, enseignante


« Je suis en premi¨¨re ann¨¦e. Je ne connais pas mon ?ge. Je voudrais enseigner aux enfants afin qu¡¯ils deviennent intelligents. »

Paradoxe, R¨¦publique d¨¦mocratique du Congo, soldat


« Je ne connais pas mon ?ge exact, et je ne vais pas ¨¤ l¡¯¨¦cole. Un jour, je serai soldat, pour combattre d¡¯autres soldats. Les soldats ne sont pas gentils parce qu¡¯ils ont tu¨¦ mon fr¨¨re. »

Guilin, 10 ans, R¨¦publique d¨¦mocratique du Congo, soldat


« Je suis en premi¨¨re ann¨¦e d¡¯¨¦cole. Je veux devenir soldat. »

Crise des Rohingya

L¡¯extr¨ºme violence qui frappe l¡¯?tat rakhine (Myanmar) a forc¨¦ des centaines de milliers de Rohingya ¨¤ traverser la fronti¨¨re pour se rendre ¨¤ Cox¡¯s Bazar fin 2017, en faisant ainsi le plus grand camp de r¨¦fugi¨¦s de la plan¨¨te. Environ 860 000 Rohingya y vivent aujourd¡¯hui en tant que r¨¦fugi¨¦s. Le Gouvernement et les agences humanitaires fournissent une assistance aux r¨¦fugi¨¦s et aux communaut¨¦s d¡¯accueil qui ont g¨¦n¨¦reusement contribu¨¦ ¨¤ soutenir les personnes les plus d¨¦munies. La pr¨¦vention de la COVID-19 dans des conditions de forte densit¨¦ complique encore la vie quotidienne.

La plupart des r¨¦fugi¨¦s ont ¨¦t¨¦ t¨¦moins ou ont endur¨¦ des horreurs indicibles au Myanmar. Des villages entiers ont ¨¦t¨¦ br?l¨¦s, des familles ont ¨¦t¨¦ s¨¦par¨¦es et tu¨¦es, des femmes et des filles ont ¨¦t¨¦ viol¨¦es. Les causes profondes de la d¨¦tresse que ces personnes ont v¨¦cue au Myanmar n¡¯ont pas encore ¨¦t¨¦ trait¨¦es et leur avenir demeure incertain. Une telle situation g¨¦n¨¨re une anxi¨¦t¨¦ et une d¨¦tresse consid¨¦rables, qui viennent s¡¯ajouter aux conditions de vie d¨¦j¨¤ difficiles.

On estime que 600 000 Rohingya sont rest¨¦s au Myanmar. Parmi eux, environ 130 000 sont d¨¦plac¨¦s dans le centre de l¡¯?tat rakhine, et si la plupart sont confin¨¦s dans des camps, tous sont confront¨¦s ¨¤ des restrictions de libert¨¦ de mouvement et d¡¯acc¨¨s aux services. Le conflit en cours dans l¡¯?tat rakhine continue de les mettre en danger, ainsi que d¡¯autres civils, et entrave leur acc¨¨s ¨¤ l¡¯aide humanitaire.

Les familles rohingya fuient pour se r¨¦fugier au Bangladesh, ¨¤ Cox¡¯s Bazar ou dans ses environs. La plupart de ces familles ont quitt¨¦ leurs villages au Myanmar ¨¤ pied et en bateau?; leur voyage a dur¨¦ plusieurs jours, voire plusieurs semaines. [Cr¨¦dit photo?: OCHA/David Dare Parker]

Tasnim Sultana, 10 ans, Bangladesh, enseignant


« Je veux ¨ºtre enseignant parce que c¡¯est un travail professionnel. J¡¯ai un int¨¦r¨ºt particulier pour l¡¯enseignement et j¡¯aime mon enseignant. C¡¯est pour toutes ces raisons que je veux devenir enseignant. »

Ismat, 15 ans, r¨¦fugi¨¦ Rohingya au Bangladesh, m¨¦decin


« Un jour, j¡¯aimerais devenir m¨¦decin. Je voudrais soigner le peuple rohingya, le peuple bangladais, toutes sortes de gens. Quand j¡¯avais 10?ans et que je vivais encore au Myanmar, j¡¯ai d? arr¨ºter d¡¯aller ¨¤ l¡¯¨¦cole. J¡¯esp¨¨re qu¡¯un jour je pourrai poursuivre mes ¨¦tudes. »

Jesmin, 12 ans, r¨¦fugi¨¦ rohingya au Bangladesh, soldat


« Je veux devenir soldat pour aller me battre et pour aider ¨¤ sauver des gens. Quand quatre de mes proches ont ¨¦t¨¦ tu¨¦s au Myanmar, nous avons d? quitter notre maison et nous sommes venus ici, au Bangladesh. Je me sens mieux ici qu¡¯au Myanmar parce que nous avons d¨¦sormais acc¨¨s ¨¤ la nourriture et que nous pouvons dormir. Au Myanmar, nous avions toujours peur et nous ne pouvions pas dormir la nuit. »

Towhidul Islam, 11 ans, Bangladesh, scientifique


« Je veux devenir scientifique pour d¨¦velopper mon pays. C¡¯est mon but, mon r¨ºve. Nous savons que le Bangladesh est un pays en d¨¦veloppement, nous devons d¨¦velopper notre pays et, pour ce faire, nous avons besoin de scientifiques. J¡¯ai fait l¡¯exp¨¦rience suivante?: lorsque je m¨¦lange du sel dans l¡¯eau, puis que je place un ?uf dans le m¨¦lange, l¡¯?uf ni ne monte ni ne descend, il stagne au milieu. Cette exp¨¦rience montre que lorsqu¡¯il est dans le sel, l¡¯?uf flotte ¨¤ la surface, et lorsqu¡¯il est dans l¡¯eau, il coule. Mais lorsque le sel et l¡¯eau se m¨¦langent, l¡¯?uf ne peut ni monter ni descendre, il stagne au milieu. »

Bassin du lac Tchad

N¨¦glig¨¦es et affect¨¦es par les changements climatiques et par les conflits, des millions de personnes m¨¨nent une bataille quotidienne pour survivre dans le bassin du lac Tchad, r¨¦gion qui couvre le Nord-Est du Nig¨¦ria, le Niger, le Cameroun et le Tchad.

Ce conflit brutal a d¨¦racin¨¦ environ 2,8 millions de personnes et a laiss¨¦ pr¨¨s de 5,2?millions de personnes en situation de grave ins¨¦curit¨¦ alimentaire. La malnutrition dans les zones touch¨¦es par le conflit risque de s¡¯aggraver rapidement. De fait, 500 000 enfants sont menac¨¦s de malnutrition aigu? s¨¦v¨¨re. En outre, des enl¨¨vements massifs d¡¯enfants, en particulier de filles, ont eu lieu, tout comme des violences sexuelles, le recrutement forc¨¦ d¡¯enfants et d¡¯autres violations des droits humains.

La violence et les combats ont ¨¦galement d¨¦truit les cultures vivri¨¨res, les ¨¦conomies locales et l¡¯infrastructure. Un demi-million d¡¯enfants souffrent de malnutrition aigu? s¨¦v¨¨re.

Les secours d¡¯urgence sont essentiels pour sauver des vies et pour ¨¦viter la famine dans la r¨¦gion. Toutefois, la situation en mati¨¨re de s¨¦curit¨¦ entrave l¡¯acc¨¨s ¨¤ tous ceux qui ont besoin d¡¯aide. D¡¯apr¨¨s les estimations, dans le seul Nord-Est du Nig¨¦ria, des centaines de milliers de personnes sont coup¨¦es de l¡¯aide ext¨¦rieure. Selon les plans d¡¯intervention humanitaire r¨¦vis¨¦s dans les trois pays, 12,5 millions de personnes dans les r¨¦gions touch¨¦es ont maintenant besoin d¡¯une aide d¡¯urgence, soit 1,7 million de plus qu¡¯au d¨¦but de l¡¯ann¨¦e.

Des enfants jouent dans un camp pour personnes d¨¦plac¨¦es ¨¤ l¡¯int¨¦rieur du pays ¨¤ Rann, au Nord-Est du Nig¨¦ria. Environ 50 000 personnes vivent ici et ne peuvent pas rentrer chez elles en raison de la violence et de l¡¯ins¨¦curit¨¦. Sur la photo, Serah, 7 ans, l¡¯une des personnes d¨¦plac¨¦es vivant ¨¤ Rann, dans l¡¯?tat de Borno (Nig¨¦ria). [Cr¨¦dit photo?: OCHA/Yasmina Guerda]

Tahar Mohamed, 8?ans, Tchad, directeur d¡¯¨¦cole


« Nous avons pu sauver certains de nos chameaux lorsque notre camp a ¨¦t¨¦ attaqu¨¦ par Boko?Haram. Alors que j¡¯avan?ais ¨¤ dos de chameau, je ne cessais de me retourner apr¨¨s avoir fui. Mon p¨¨re m¡¯a dit de me mettre ¨¤ crier si je voyais un danger. La premi¨¨re nuit, j¡¯ai dormi dans un arbre, parce que j¡¯avais trop peur. Un jour, je veux ¨ºtre directeur d¡¯¨¦cole. J¡¯aimais bien le directeur dans mon village. Je veux ¨ºtre comme lui. Il nous faisait rire et il nous motivait. »

Fatime, 7 ans, Tchad, chauffeur


« Les coups de feu m¡¯ont r¨¦veill¨¦e quand notre camp a ¨¦t¨¦ attaqu¨¦. Tout le monde a ¨¦t¨¦ pris de panique. Je ne pouvais pas courir aussi vite que mes fr¨¨res, mais j¡¯ai essay¨¦ de les suivre. Je ne voulais pas perdre ma famille. Le plus difficile a ¨¦t¨¦ de ne pas manger pendant 4 jours. Quand je serai grande, je veux ¨ºtre chauffeur. Je ne sais pas comment, mais je veux apprendre ¨¤ conduire. Je pourrais ainsi faire quelques petites affaires et aider ma famille ¨¤ faire les courses. »

Kaltouma, 11 ans, Tchad, agricultrice


« Mon p¨¨re a ¨¦t¨¦ tu¨¦ lorsque notre camp a ¨¦t¨¦ attaqu¨¦. Il essayait de rassembler quelques affaires pour nous rejoindre, mais Boko?Haram l¡¯a attrap¨¦. Un jour, je veux devenir agricultrice. C¡¯est le seul travail gr?ce auquel je peux ¨ºtre s?re de nourrir ma famille. »

Fatime, 10 ans, Tchad, vendeuse de bijoux


« Ma famille avait une bonne qualit¨¦ de vie avant que nous soyons contraints de fuir notre village. Mon p¨¨re vendait des chameaux ¨¤ des gens riches. Maintenant, nous sommes vivants, Dieu merci, mais nous avons tout perdu, nos chameaux, nos bijoux, tout. Le voyage a ¨¦t¨¦ excessivement long sans nos chameaux. Quand je serai grande, je veux vendre des bijoux. Dans ma culture, c¡¯est une honte si une fille ne porte pas de bijoux. Je veux que les filles et les femmes portent de belles choses. »

Martha, 14 ans, r¨¦fugi¨¦e nig¨¦riane au Tchad, agent de police


« Je serai agent de police pour arr¨ºter des criminels comme les membres de Boko?Haram. J¡¯utiliserai une arme s¡¯il le faut. »

Adama, 14 ans, r¨¦fugi¨¦e nig¨¦riane au Tchad, footballeuse


« Un jour, je veux devenir footballeuse. Bien s?r que les femmes peuvent jouer au football?; je l¡¯ai vu une fois ¨¤ la t¨¦l¨¦vision?! Certains gar?ons du camp disent que le football est r¨¦serv¨¦ aux hommes, mais lorsqu¡¯ils disent ?a, je prends le ballon et je leur demande?: ¡¯Vous voulez parier??¡¯ »

Khadija, 15 ans, r¨¦fugi¨¦e nig¨¦riane au Tchad, ing¨¦nieure en informatique


« Je veux travailler dans les technologies de l¡¯information pour apprendre et ¨¦changer des connaissances. Je suis n¨¦e dans un village isol¨¦ du Nord-Est du Nig¨¦ria, sans ¨¦cole et sans eau potable. Ce que j¡¯ai appris, c¡¯est qu¡¯avec Internet, m¨ºme si vous ne savez pas telle ou telle chose, quelqu¡¯un dans le monde a l¡¯information dont vous avez besoin. C¡¯est le meilleur moyen de partager les connaissances. »

±·¨¦±è²¹±ô

Dans les zones rurales du ±·¨¦±è²¹±ô, du fait de la pauvret¨¦ et de l¡¯in¨¦galit¨¦ de genre, les filles sont souvent mari¨¦es avant de f¨ºter leur 18¨¨me anniversaire. Plus de 48?% des femmes adultes d¨¦clarent avoir ¨¦t¨¦ mari¨¦es avant l¡¯?ge de 18 ans.

Le ±·¨¦±è²¹±ô est tr¨¨s vuln¨¦rable aux risques naturels, en particulier aux tremblements de terre et aux inondations. Le terrain montagneux du pays pose d¡¯importants d¨¦fis logistiques pour acc¨¦der aux zones recul¨¦es et y acheminer les secours.

Nirmala, 26 ans, vit avec ses beaux-parents et sa fille de 3 ans dans un abri temporaire construit apr¨¨s le tremblement de terre qui a frapp¨¦ le pays en 2015. Leur maison ayant ¨¦t¨¦ compl¨¨tement d¨¦truite pendant le tremblement de terre, ils sont dans l¡¯incapacit¨¦ de rentrer chez eux. Nirmala et sa belle-famille travaillent dans les champs pour gagner leur vie, tandis que son mari est parti ¨¤ l¡¯¨¦tranger pour gagner de l¡¯argent et subvenir aux besoins de sa famille. [Cr¨¦dit photo?: OCHA/Anthony Burke]

Sarita, ±·¨¦±è²¹±ô, ing¨¦nieure


« Je veux simplement une carri¨¨re qui me permette d¡¯¨ºtre ind¨¦pendante. Pour le dire simplement?: je veux ¨ºtre responsable de ma propre vie et ne laisser personne d¡¯autre d¨¦cider ¨¤ ma place. Je ne suis pas moins capable qu¡¯un homme. Pourtant, beaucoup de villageois de ma communaut¨¦ d¨¦sapprouvent encore le travail des femmes, si bien que j¡¯ai beaucoup de d¨¦fis ¨¤ relever. »

Poola, 18 ans, ±·¨¦±è²¹±ô, h?tesse de l¡¯air


« Je ne compte pas me marier avant mes 22 ans, voire plus tard, car je dois d¡¯abord avoir le temps de m¡¯entra?ner ¨¤ mon futur m¨¦tier. Je n¡¯ai jamais voyag¨¦ auparavant, mais je pense que je serais une tr¨¨s bonne h?tesse de l¡¯air parce que je serais toujours enthousiaste. Je n¡¯ai pas peur d¡¯¨ºtre en hauteur. Rien ne me fait peur. La chose qui m¡¯inqui¨¨te le plus, ce sont les math¨¦matiques ¨¤ l¡¯¨¦cole. C¡¯est une v¨¦ritable source de stress pour moi. »

Rupali, 17 ans, ±·¨¦±è²¹±ô, couturi¨¨re


« Penser ¨¤ ce que j¡¯aimerais faire me rend triste, parce que je ne sais pas si on me permettra de le faire. Je suis mari¨¦e depuis cinq ans (depuis l¡¯?ge de 12 ans) mais je n¡¯ai pas encore emm¨¦nag¨¦ avec mon mari. J¡¯irai vivre avec lui dans environ trois semaines, lors d¡¯une c¨¦r¨¦monie appel¨¦e ??Gauna??. Je ressens beaucoup de choses ¨¤ propos de cette situation, beaucoup trop pour pouvoir exprimer ce que je ressens. J¡¯¨¦tais si jeune quand nous nous sommes fianc¨¦s et je dois d¨¦sormais aller vivre avec une toute nouvelle famille, m¨ºme si je ne l¡¯ai jamais rencontr¨¦e auparavant. Je ne l¡¯ai pas dit ¨¤ mes parents, mais j¡¯ai vraiment tr¨¨s peur. J¡¯aurais aim¨¦ qu¡¯ils me demandent ma permission. Je ne connais m¨ºme pas l¡¯?ge de mon mari. Alors quand je dis que je veux ¨ºtre couturi¨¨re, c¡¯est vrai. Mais je sais que ce ne sera pas ¨¤ moi de d¨¦cider de mon destin. »

Parmila, 18 ans, ±·¨¦±è²¹±ô, assistante sociale


« Je vois tout le temps des cas de mariage d¡¯enfants et de violence contre les femmes dans mon village, et je veux vraiment y mettre fin. La violence ne passe pas n¨¦cessairement par les coups?: je pense que le fait d¡¯enfermer une femme chez elle en permanence et de la priver de libert¨¦ est ¨¦galement une forme de violence. C¡¯¨¦tait comme ?a que ?a se passait dans ma famille. Ma m¨¨re n¡¯avait pas le droit de sortir et elle devait toujours servir les hommes d¡¯abord. ?a me mettait tellement en col¨¨re de la voir vivre ainsi. Finalement, mes amis et moi avons fait asseoir mes parents et leur avons expliqu¨¦ que la situation n¡¯¨¦tait pas acceptable. J¡¯¨¦tais vraiment nerveuse avant d¡¯avoir cette discussion, mais maintenant les choses vont mieux et ma m¨¨re est fi¨¨re de moi. Parfois, elle s¡¯approche de moi, met sa main sur mon ¨¦paule et me dit?: ¡®Ma fille fait du bon travail. Elle change les choses. Elle ne sera pas comme moi¡®. »

Aseema, 16 ans, ±·¨¦±è²¹±ô, productrice de l¨¦gumes


« Mes l¨¦gumes pr¨¦f¨¦r¨¦s sont les choux-fleurs. Il faut beaucoup de comp¨¦tences pour faire pousser un bon chou-fleur, comp¨¦tences dont je ne dispose pas encore. J¡¯esp¨¨re vraiment qu¡¯¨¤ l¡¯avenir je pourrai apprendre. »

Sierra Leone

La Sierra?Leone a ¨¦t¨¦ le pays le plus durement touch¨¦ par l¡¯¨¦pid¨¦mie d¡¯Ebola, avec plus de 14?000 cas, plus de 3?500 d¨¦c¨¨s et 4?000 survivants.

Le premier cas a ¨¦t¨¦ d¨¦tect¨¦ en Guin¨¦e en mars 2014. Le virus s¡¯est ensuite propag¨¦ dans les pays voisins, dont la Sierra?Leone.

Plus de 10?000 personnes en Afrique de l¡¯Ouest sont mortes de la maladie ¨¤ virus Ebola lors de la derni¨¨re ¨¦pid¨¦mie.

Gar?on sur le chemin de l¡¯¨¦cole ¨¤ Moyamba Junction (Sierra?Leone). [Cr¨¦dit photo?: Vincent Tremeau]

Michael, 14 ans, Sierra?Leone, m¨¦decin


« Un jour, je serai m¨¦decin pour aider les gens comme ils m¡¯ont aid¨¦ quand j¡¯¨¦tais malade. Vingt-six personnes sont mortes dans ma famille ¨¤ cause du virus Ebola, dont mon p¨¨re, ma m¨¨re, mes fr¨¨res, mes s?urs, mon grand-p¨¨re, ma grand-m¨¨re, mon oncle, mes neveux, ma ni¨¨ce... Maintenant, je vis chez ma tante. »

Ramatu Bamana, 15 ans, Sierra?Leone, infirmi¨¨re


« Un jour, je serai infirmi¨¨re. Lorsque mon p¨¨re a contract¨¦ le virus Ebola, personne ne pouvait s¡¯occuper de lui, sauf moi. J¡¯avais quitt¨¦ la maison, quelqu¡¯un m¡¯a appel¨¦e pour me dire que mon p¨¨re n¡¯allait pas bien, alors j¡¯ai d? aller le voir car j¡¯¨¦tais la seule ¨¤ bien vouloir me rendre ¨¤ ses c?t¨¦s. J¡¯ai fait de mon mieux, mais je n¡¯ai pas r¨¦ussi ¨¤ le sauver et mon p¨¨re est d¨¦c¨¦d¨¦. Maintenant, je vis avec ma tante. C¡¯est pour cette raison que je veux ¨ºtre infirmi¨¨re?: si je suis infirmi¨¨re, je gu¨¦rirai les membres de ma famille et toutes les autres personnes que je connais. Je vais travailler dur dans mes ¨¦tudes et je vais aller ¨¤ l¡¯¨¦cole, je vais apprendre les sciences et les math¨¦matiques.? »

Hawa, 18 ans, avec sa fille, Sierra Leone, femme d¡¯affaires


« ?Je veux ¨ºtre femme d¡¯affaires pour pouvoir aider ma m¨¨re et ma fille. J¡¯ai arr¨ºt¨¦ d¡¯aller ¨¤ l¡¯¨¦cole l¡¯ann¨¦e derni¨¨re avant de tomber enceinte. Mon p¨¨re ne pouvait plus payer les frais de scolarit¨¦, alors j¡¯ai d? rester ¨¤ la maison. Plus tard cette ann¨¦e-l¨¤, mon p¨¨re est mort du virus Ebola. Il n¡¯a jamais eu l¡¯occasion de voir ma fille. Aujourd¡¯hui, nous ne vivons plus qu¡¯avec ma m¨¨re. C¡¯est elle qui subvient ¨¤ nos besoins. J¡¯essaie de travailler au march¨¦ parfois et je peux donc apporter mon aide. Un jour, j¡¯y aurai mon propre magasin.? »

Franck, 13 ans, Sierra?Leone, avocat


« Un jour, je serai avocat, parce que cela me permettra d¡¯aider mon peuple et mes pairs, surtout les filles. Je veux aider les filles parce que certains hommes les maltraitent. J¡¯ai entendu parler de cette fille qui a ¨¦t¨¦ viol¨¦e sur la route. Elle avait 9 ans. En tant qu¡¯avocat, je pourrai aider ces filles?: je me chargerai de l¡¯affaire, je retrouverai l¡¯auteur du crime et le ferai enfermer. Je d¨¦fendrai les filles parce qu¡¯elles ne sont pas coupables. Les coupables, ce sont les auteurs. Je vais travailler dur ¨¤ l¡¯¨¦cole pour devenir avocat. »

Iraq

Pr¨¨s de trois ans apr¨¨s la fin des op¨¦rations militaires de l¡¯Iraq contre l¡¯?tat islamique d¡¯Iraq et du Levant (EIIL), les tensions sociales, ethniques et sectaires persistent. Les intervenants humanitaires m¨¨nent leurs op¨¦rations dans des contextes politiques et s¨¦curitaires de plus en plus instables.

Environ 1,4 million de personnes sont toujours d¨¦plac¨¦es ¨¤ l¡¯int¨¦rieur de l¡¯Iraq, et le pays accueille ¨¦galement plus de 250 000 r¨¦fugi¨¦s syriens. Parmi ces personnes, plus de la moiti¨¦ sont d¨¦plac¨¦es depuis plus de quatre ans. L¡¯ins¨¦curit¨¦, le manque de perspectives d¡¯emploi et la destruction ou l¡¯endommagement des logements et des infrastructures entravent la capacit¨¦ des gens ¨¤ rentrer chez eux. La transition de cette population vers des solutions durables reste au premier rang des priorit¨¦s de l¡¯ONU.

Syrie

Alors que la crise syrienne entre dans sa dixi¨¨me ann¨¦e, l¡¯ampleur, la gravit¨¦ et la complexit¨¦ des besoins humanitaires restent consid¨¦rables. Plus de 11?millions de personnes sont dans le besoin, dont 9,3 millions de personnes en situation d¡¯ins¨¦curit¨¦ alimentaire. La crise a fait plus de 6,7?millions de r¨¦fugi¨¦s et d¨¦plac¨¦ 6,7 millions de Syriens suppl¨¦mentaires ¨¤ l¡¯int¨¦rieur du pays. Si le conflit arm¨¦ dans certaines parties de la Syrie continue de causer des souffrances, la situation a ¨¦t¨¦ encore exacerb¨¦e par la crise ¨¦conomique actuelle et par la COVID-19.

L¡¯ann¨¦e derni¨¨re, le prix des denr¨¦es alimentaires de base a augment¨¦ de pr¨¨s de 250?%. En Syrie, huit personnes sur dix vivent en dessous du seuil de pauvret¨¦. Les familles sont confront¨¦es ¨¤ des choix difficiles?: soit mettre de la nourriture sur la table ou un toit au-dessus de leur t¨ºte, soit garder leurs enfants au chaud ou les envoyer ¨¤ l¡¯¨¦cole.

Gr?ce aux structures de soutien familial et communautaire, aux organisations humanitaires non gouvernementales et aux institutions publiques, les Syriens eux-m¨ºmes continuent d¡¯¨ºtre les intervenants principaux de la crise. En compl¨¦ment de leurs efforts, les organisations humanitaires ont mis en place l¡¯une des plus grandes op¨¦rations du monde.

15 septembre 2014, Dahouk (Iraq)?: L¡¯hiver approche d¨¦sormais ¨¤ grands pas, mena?ant d¡¯aggraver une situation d¨¦j¨¤ d¨¦sastreuse. D¡¯apr¨¨s les estimations, 600?000?personnes ont un besoin imm¨¦diat d¡¯aide pour passer l¡¯hiver, notamment de couvertures thermiques, de chauffage et de carburant. [Cr¨¦dit photo?: OCHA/Iason Athanasiadis]

Gheena, 10 ans, Iraq, infirmi¨¨re


« Ma m¨¨re est infirmi¨¨re et ?a a l¡¯air d¡¯¨ºtre un travail facile. Elle ¨¦tait occup¨¦e quand nous vivions ¨¤ Mossoul, mais maintenant que nous vivons dans un camp, elle reste ¨¤ la maison la plupart du temps. Elle dit qu¡¯elle compte sur moi pour faire de longues ¨¦tudes et ne pas me marier tout de suite. J¡¯ai ri quand elle a dit cela. Comme si je voulais me marier ! »

Dina, 11 ans, Iraq, ing¨¦nieure


« Daesh est en train de d¨¦truire l¡¯Iraq, alors je veux un travail qui me permette de reconstruire mon pays. J¡¯avais ma propre chambre dans mon ancienne maison, avant qu¡¯elle ne soit r¨¦duite en cendres dans un incendie. Aujourd¡¯hui, nous vivons ¨¤?11 dans une tente. Je ne sais pas si vous avez d¨¦j¨¤ essay¨¦, mais il est vraiment difficile de faire tenir 11?personnes dans une tente. »

Ahlam, 12 ans, Iraq, dentiste


« Je veux ¨ºtre dentiste pour aider les gens quand ils souffrent. »

Zuha, 10 ans, Iraq, artiste


« Je pratique des activit¨¦s artistiques presque tous les jours dans le camp. J¡¯aime surtout dessiner des fleurs et des maisons. Mais quand je serai artiste, je ne vendrai pas mes peintures. Je les accrocherai chez moi. Ma m¨¨re dit que le bonheur est tout aussi important que l¡¯argent. Elle dit que mon travail artistique rendra d¡¯autres personnes heureuses aussi. C¡¯est pourquoi elle accroche mes dessins dans notre tente, pour la rendre plus jolie. »

Lorand, 13 ans, r¨¦fugi¨¦e syrienne en Iraq, breakdancer


« Les gens me disent que le breakdance est r¨¦serv¨¦ aux gar?ons. De tels propos sont ridicules, car je suis bien meilleure qu¡¯eux dans ce domaine. Je pense que le fait d¡¯¨ºtre diff¨¦rent des autres n¡¯est pas un probl¨¨me. Mon amie Bellal a 15 ans et elle a teint ses cheveux en bleu en signe de r¨¦bellion. Nous rions beaucoup ensemble et nous parlons du fait que si nous continuons ainsi, aucun gar?on ne voudra se marier avec nous et nous pourrons ¨ºtre libres pour toujours. Deux de mes amies ont d? se marier cette ann¨¦e. Elles avaient 12 et 13 ans, et je n¡¯ai vu aucune d¡¯entre elles depuis, parce que leurs belles-m¨¨res ne les laissent pas quitter leur tente. La veille de son mariage, l¡¯une d¡¯entre elles est venue me voir et nous sommes rest¨¦es assises par terre pendant qu¡¯elle pleurait parce qu¡¯elle avait terriblement peur. »

Halaz, 14 ans, r¨¦fugi¨¦ syrien en Iraq, avocat des droits humains


« Je ne vais pas devenir n¡¯importe quel avocat. Je vais devenir avocat des droits humains et je travaillerai gratuitement pour d¨¦fendre toute personne confront¨¦e ¨¤ des probl¨¨mes pendant les guerres et les conflits. C¡¯est en quelque sorte un bon et un mauvais choix de carri¨¨re, parce que si je veux beaucoup de travail, il faudra qu¡¯il y ait plus de guerres. Je d¨¦teste les guerres. Lorsque nous nous pr¨¦parions ¨¤ quitter la Syrie, les balles sifflaient et les bombes tombaient de tous les c?t¨¦s. Mon fr¨¨re a fini par recevoir des ¨¦clats d¡¯obus dans les yeux et dans les jambes. J¡¯aimerais juste que tous les hommes et femmes politiques puissent s¡¯asseoir ¨¤ une m¨ºme table et conviennent ensemble d¡¯un plan d¡¯action. »

Sahel central

Le Sahel central est l¡¯¨¦picentre d¡¯une des crises humanitaires les plus graves du monde.

Plus de 13 millions de personnes, dont 7 millions d¡¯enfants, ont besoin d¡¯une aide humanitaire urgente au Burkina Faso, au Mali et au Niger, soit cinq millions de plus que ce que pr¨¦voyaient les estimations au d¨¦but de l¡¯ann¨¦e 2020.

En moins de deux ans, la violence et l¡¯ins¨¦curit¨¦ ont pouss¨¦ 7,4 millions de personnes au Sahel central vers des niveaux de faim aigu?, soit trois fois plus qu¡¯il y a un an, et 1,5?million de personnes ont ¨¦t¨¦ contraintes de quitter leur foyer par la violence, soit une multiplication par vingt en deux ans.

La violence fond¨¦e sur le genre a atteint des sommets, des millions d¡¯enfants ne sont pas scolaris¨¦s et les services sanitaires et sociaux de base font d¨¦faut. Les confinements et les autres mesures de pr¨¦vention de la COVID-19 ont fait basculer 6?millions de personnes suppl¨¦mentaires de la r¨¦gion dans l¡¯extr¨ºme pauvret¨¦.

L¡¯ann¨¦e derni¨¨re, 81 travailleurs humanitaires ont ¨¦t¨¦ bless¨¦s, kidnapp¨¦s ou tu¨¦s au Burkina Faso, au Mali et au Niger, selon la base de donn¨¦es sur la s¨¦curit¨¦ du personnel humanitaire. En?2019, le nombre d¡¯attaques contre les travailleurs humanitaires au Mali a doubl¨¦ par rapport ¨¤ 2018.

Des femmes traversent la route ¨¤ c?t¨¦ d¡¯un camp de personnes d¨¦plac¨¦es ¨¤ Diffa, dans le Sud-Est du Niger. La violence au Nig¨¦ria, pays voisin, a forc¨¦ des millions de personnes ¨¤ fuir leurs foyers. [Cr¨¦dit photo?: Vincent Tremeau]

Abdel Malik Chaibou, 10 ans, Niger, berger


« ?Un jour, je serai berger, pour conduire les animaux aux p?turages. Mon animal pr¨¦f¨¦r¨¦ est le mouton. »

Sakima, 8 ans, Niger, enseignante


« Mon p¨¨re m¡¯a dit que plus tard, je serai enseignante comme lui. Je voudrais enseigner aux enfants de troisi¨¨me ann¨¦e parce que j¡¯ai compris tout ce que le professeur nous a appris?. »

Abdoulmalik Sadarachi, 10 ans, Niger, m¨¦decin


« Mon p¨¨re est chauffeur, mais je veux ¨ºtre m¨¦decin pour pouvoir vacciner les gens du village. »

Fatimata, 10 ans, Niger, enseignante de l¡¯islam


« Un jour, je serai enseignante dans une ¨¦cole islamique pour aider les gens ¨¤ mieux comprendre leur religion et, ainsi, ¨¦viter les disputes. »

Habou Lamirou, Niger, chauffeur


« Je veux devenir chauffeur pour pouvoir aider mes parents. »

Habiba, 13 ans, r¨¦fugi¨¦e nig¨¦riane au Niger, journaliste


« ?J¡¯aimerais ¨ºtre journaliste quand je serai grande, parce que je veux informer les gens sur ce qui se passe dans le monde. »

Amina, 10 ans, r¨¦fugi¨¦e nig¨¦riane au Niger, enseignante


« Je viens du Nig¨¦ria. Quand je serai grande, je veux devenir enseignante. »

David, Mali, Pr¨¦sident


« Je veux ¨ºtre Pr¨¦sident du Mali parce que c¡¯est un bon poste et que cela permet de gagner beaucoup d¡¯argent. Si j¡¯obtenais ce poste, je travaillerais bien pour mon pays. »

Hassane, 15 ans, r¨¦fugi¨¦ nig¨¦rian au Niger, soldat


« Je veux devenir soldat pour ¨¦liminer Boko?Haram. Je viens de Baga, au Nig¨¦ria. Je suis venu ¨¤ Diffa avec ma grand-m¨¨re apr¨¨s que Boko?Haram a attaqu¨¦ notre village. Cela fait maintenant six mois que nous avons fui le Nig¨¦ria. »

Adama, 10 ans, r¨¦fugi¨¦ nig¨¦rian au Niger, soldat


« Je viens de Baga, au Nig¨¦ria. Je veux devenir soldat pour pouvoir ¨¦radiquer Boko?Haram. Je veux les ¨¦liminer, car ils ont tu¨¦ des gens. Nous sommes quatre, dans ma famille, ¨¤ avoir quitt¨¦ Baga pour venir ¨¤ Diffa avec notre grand-p¨¨re. »

Soumaila Konat¨¦, Mali, forestier


« Un jour, je serai forestier. Ainsi, j¡¯aurai de l¡¯argent. »

Oumarou, r¨¦fugi¨¦ nig¨¦rian au Niger, soldat


« Je viens de Baga, au Nig¨¦ria. Cela fait maintenant trois mois que nous avons fui. Je veux devenir soldat un jour pour combattre et ¨¦radiquer Boko?Haram de mon pays. »

Issouf, Mali, ¨¦leveur de poulets


« Je veux ¨ºtre ¨¦leveur de poulets comme mon p¨¨re, et aussi parce que j¡¯aime le poulet. »

Fatima, 12 ans, r¨¦fugi¨¦e nig¨¦riane au Niger, polici¨¨re


« Je viens de Baga, au Nig¨¦ria. Je veux ¨ºtre polici¨¨re. Je veux aider ¨¤ combattre Boko?Haram pour venger mes fr¨¨res musulmans. Je connais d¡¯autres polici¨¨res qui ¨¦taient mes voisines, je les aimais beaucoup et j¡¯aimais beaucoup le travail qu¡¯elles faisaient pour la communaut¨¦. »

Aicha, 12 ans, r¨¦fugi¨¦e nig¨¦riane au Niger, avocate


« ?Je viens de Damassak au Nig¨¦ria. Je voudrais devenir avocate pour d¨¦fendre les droits des gens. Je suis n¨¦e sans bras ni jambes, mais je veux atteindre mon but dans la vie. »

R¨¦publique centrafricaine

Bien que la crise en R¨¦publique centrafricaine soit l¡¯une des pires crises du monde, elle reste largement ignor¨¦e. Plus de la moiti¨¦ de la population a d¨¦sesp¨¦r¨¦ment besoin d¡¯une aide humanitaire et un Centrafricain sur quatre est d¨¦plac¨¦, soit ¨¤ l¡¯int¨¦rieur du pays soit en dehors.

L¡¯augmentation continue des activit¨¦s des groupes arm¨¦s, des conflits intercommunautaires et des affrontements violents pour le contr?le des ressources naturelles a encore r¨¦duit la capacit¨¦ de la population ¨¤ supporter les chocs.

En septembre 2020, pr¨¨s de 641 000 personnes ¨¦taient d¨¦plac¨¦es ¨¤ l¡¯int¨¦rieur du pays, soit une augmentation de 8?% par rapport ¨¤ la m¨ºme p¨¦riode en 2019. En outre, la COVID-19 a port¨¦ un coup d¨¦vastateur au secteur ¨¦conomique. La fermeture des ¨¦coles a expos¨¦ des centaines de milliers d¡¯enfants ¨¤ des risques suppl¨¦mentaires de recrutement dans des groupes arm¨¦s et aux pires formes de travail, notamment dans les mines. Un cas de violence fond¨¦e sur le genre est enregistr¨¦ toutes les heures, et le nombre de cas enregistr¨¦s a doubl¨¦ ¨¤ Bangui, la capitale du pays. L¡¯ins¨¦curit¨¦ alimentaire et la malnutrition se sont ¨¦tendues au centre urbain. Seul un Centrafricain sur trois a acc¨¨s ¨¤ l¡¯eau potable et aux installations sanitaires.

La R¨¦publique centrafricaine est ¨¦galement l¡¯un des pays les plus dangereux pour les travailleurs humanitaires, avec plus d¡¯un incident contre les travailleurs humanitaires enregistr¨¦ chaque jour.

Bangui (R¨¦publique centrafricaine) - 27 f¨¦vrier 2014. Un enfant d¨¦plac¨¦ ¨¤ la base a¨¦rienne de M¡¯Poko o¨´ des milliers de familles se sont r¨¦fugi¨¦es pour fuir la violence qui a largement divis¨¦ les communaut¨¦s sur la base de consid¨¦rations religieuses. [Cr¨¦dit photo?: OCHA/Phil Moore]

Amadou, R¨¦publique centrafricaine, berger


« Un jour, je serai berger comme l¡¯¨¦tait mon p¨¨re. »

Aliou, R¨¦publique centrafricaine, footballeur


« Je veux ¨ºtre footballeur ¨¤ Paris. »

Chaibou, R¨¦publique centrafricaine, pilote


« Je veux devenir pilote. »

Ibrahim, R¨¦publique centrafricaine, soldat


« Un jour, je serai soldat. »

Hassan, R¨¦publique centrafricaine, soldat


« Un jour, je serai soldat. »

Awa, R¨¦publique centrafricaine, enseignante


« Un jour, je serai enseignante. »

Mustafa, R¨¦publique centrafricaine, photographe


« Un jour, je serai photographe. »

Mahamat, R¨¦publique centrafricaine, footballeur ou musicien


« Un jour, je serai musicien ou footballeur ¨¤ Barcelone. »

Maimouna, R¨¦publique centrafricaine, infirmi¨¨re


« Un jour, je serai infirmi¨¨re. »

Aladi, R¨¦publique centrafricaine, collectionneur de diamants


« Un jour, je serai collectionneur de diamants. »

Photographie de Vincent Tremeau pr¨¦sent¨¦e par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires

N¨¦ en 1984, Vincent Tremeau est un photographe fran?ais bas¨¦ ¨¤ Dakar (S¨¦n¨¦gal). Dipl?m¨¦ en droit de l¡¯Universit¨¦ de Toulouse, il a effectu¨¦ plusieurs missions en tant que travailleur humanitaire dans des pays en crise, autant d¡¯exp¨¦riences qui ont renforc¨¦ son int¨¦r¨ºt pour la photographie qu¡¯il consid¨¨re ¨ºtre un outil de t¨¦moignage et de sensibilisation ¨¤ la situation des populations en p¨¦riode de troubles. ? partir de 2014, il a poursuivi son engagement en tant que photographe ind¨¦pendant et a commenc¨¦ ¨¤ documenter plusieurs crises humanitaires en Afrique, en Asie et en Am¨¦rique du Sud. T¨¦moin des difficult¨¦s que rencontrent les enfants pour acc¨¦der ¨¤ l¡¯¨¦ducation, il a lanc¨¦ le projet ??Un jour, je serai?? sur la jeunesse en novembre 2014. Combinant une approche artistique avec un objectif documentaire, Vincent Tremeau d¨¦peint les espoirs et les perspectives de la g¨¦n¨¦ration future en Afrique.

D¨¦claration du photographe